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Un petit déjeuner au bon goût de RSE ..

Plongeons au cœur de la jungle des labels
AFNOR , Ecovadis, B Corp, LUCIE, norme ISO 26000, MASE…entre labels, certifications et autres organismes liés à l’affirmation de pratiques RSE, difficile de s’y retrouver clairement.
Face à cette véritable jungle de labels RSE, Arnaud Domergue, fondateur de l’agence Grain Blanc, à l’occasion d’un petit déjeuner convivial, a réuni une quinzaine d’acteurs engagés de la région
Nouvelle-Aquitaine, dont notamment 3 entrepreneurs locaux :
– Didier Chauffaille, Directeur général chez EMAC
– Eric Pellerin, dirigeant de Nova Construction
– Xavier Soubeyran, président de la société Abelio Propreté
Venus témoigner de leurs parcours atypiques et de leurs engagements RSE, sous le regard expert de Fernanda Pereyra, représentante du groupe AFNOR.
L’objectif de cette rencontre ? Échanger sur l’intérêt et les limites des certifications RSE et explorer les motivations réelles derrière une démarche de labellisation tout en démêlant les points d’ombres et les nombreux questionnements liés à ces labels:
– Faut-il absolument certifier sa démarche RSE ?
– Comment choisir entre les différents labels existants ? Dans quels buts ?
– Les certifications ont-elles un véritable impact sur la performance et l’image d’une entreprise ?
Autant de questions auxquelles cet article tentera d’apporter des réponses, en s’appuyant sur des témoignages concrets et des retours d’expériences qui ont fait de cette matinée un espace d’échange fructueux entre invités et témoins. Bonne lecture !

La certification comme support de reconnaissance: L’exemple de Didier Chauffaille

Pour Didier Chauffaille, directeur général chez EMAC, agir de manière responsable a toujours été une évidence. Dès le départ, son entreprise a adopté des pratiques respectueuses de l’environnement et socialement engagées, sans forcément chercher à les mettre en avant. C’est grâce au retour positif de ses clients : « Tu fais des trucs bien, ça serait bien que tu le fasses savoir. » qu’il a commencé à s’interroger sur la meilleure manière de structurer et valoriser ces engagements.
En affinant sa réflexion, il a découvert le Pacte mondial de l’ONU, qui lui est apparu comme une continuité logique de ce qu’il faisait déjà. Son choix d’adhérer à ce référentiel était un moyen de donner un cadre et une reconnaissance officielle à des pratiques déjà existantes.
Malgré cette certification, il garde certaines réserves quant à la multiplication excessive de labels. D’ailleurs, il s’oppose à l’idée qu’une entreprise doive obligatoirement afficher un label pour prouver son sérieux. « Je trouve qu’on n’est pas obligé d’être labellisé pour être reconnu. »
Pour lui, c’est tout le système qui doit évoluer, et, s’il reste plein d’espoir en soulignant qu’aujourd’hui il existe une volonté croissante des entreprises d’intégrer des pratiques plus responsables, il insiste aussi sur l’importance d’éduquer les clients et de les sensibiliser à ces enjeux.

Des labels qui contribuent au bien commun: la vision d’Eric Pellerin

Dès la création de son entreprise, Eric Pellerin, dirigeant de Nova Construction, a fait le choix d’un modèle fondé sur l’engagement et la transparence. Confronté à des conflits permanents et à des décisions stratégiques qu’il ne partageait plus chez son ancien employeur, il décide de prendre un nouveau départ, en revenant à son cœur de métier : la construction de bâtiments techniques.
Mais au-delà de son secteur d’activité, il voulait bâtir une entreprise plus participative. Après avoir étudié plusieurs options, il découvre la SASPO, un statut unique qui permet d’intégrer les salariés dans les prises de décisions pour l’entreprise. Cette démarche se traduit par une transparence totale sur les finances : « Tous les comptes sont libres d’accès, tout le monde peut voir où en est l’entreprise. »
S’il a longtemps pensé que l’action suffisait à prouver l’engagement d’une entreprise, il a finalement choisi d’obtenir une reconnaissance officielle en décrochant le label LUCIE 26000 et en obtenant la certification MASE. Pour autant, il ne cache pas ses réserves face à la complexité du système de labellisation : « Les labels revoient les notations régulièrement en fonction de l’avancée de la société… » Une exigence qui demande un suivi administratif lourd et qui peut parfois sembler plus contraignante qu’utile. Au-delà des certifications, il soulève un autre problème majeur : le manque de considération des acheteurs pour la RSE. « Les 1 ou 2 pourcents de plus que le concurrent qui ne fait rien du tout, on n’arrive pas à les vendre. » Une réalité qui illustre la difficulté des entreprises engagées à valoriser concrètement leurs efforts, malgré une prise de conscience croissante du marché

Une reconnaissance officielle pour soutenir un modèle éthique: le parcours de Xavier Soubeyran
Dès le départ, Xavier Soubeyran, président de Abelio Propreté, a souhaité fonder son entreprise sur des valeurs éthiques. Ancien banquier, lui et sa femme se lancent dans le secteur du nettoyage avec l’idée de proposer un modèle juste, respectueux des employés et de leurs engagements.
En entrant dans le secteur de la propreté, il est frappé par certaines pratiques totalement fantasques « J’ai entendu des choses folles, du genre : « Nous, on fait de l’argent sur les salaires et en vendant ce qu’on ne fait pas. » » Aux antipodes de cette approche, Xavier Soubeyran fait le choix de vendre ses services à un prix légèrement plus élevé que les prix du marché, afin de garantir des conditions de travail respectueuses et une rémunération équitable. Cette approche, qui lui a d’abord valu des difficultés face à des clients n’ayant aucune considération pour l’éthique de travail est aujourd’hui le pilier de son développement .

Néanmoins, afin de légitimer son modèle, il se tourne vers la labellisation et obtient une première reconnaissance de l’AFNOR sur un référentiel métier. Ayant obtenu un bon score, il décide de se lancer dans une démarche plus approfondie sur le label engagé RSE. Dans cette dynamique, il obtient la certification MASE garantissant notamment la présence d’un dispositif managérial adapté renforçant la sécurité et la santé au poste de travail.
En plus des avantages liés à la crédibilité et à la fidélisation des salariés, Xavier souligne que ces démarches lui ont permis de mettre en place une amélioration continue de ses pratiques internes, renforçant ainsi la qualité de ses services. Cependant, il exprime une certaine frustration face à l’évolution de la démarche RSE, qu’il juge parfois détournée à des fins de greenwashing.
Bâtir son entreprise en fonctions de critères RSE: La strategie d’Arnaud Domergue

Fort de 15 années d’expériences dans le secteur de la communication, Arnaud Domergue souhaitait créer sa propre agence autour de valeurs fortes et d’une approche RSE dès le départ. Son objectif était clair : accompagner les entreprises dans leurs transitions responsables de manière unique et créative. Pour lui, la labellisation est apparue comme un moyen concret de se structurer directement : « C’est bien plus simple d’intégrer les exigences d’un label dans l’ADN de l’entreprise dès le début plutôt que de devoir tout modifier après coup. »
Après avoir hésité entre LUCIE 26000 et B Corp, il choisit finalement B Corp, attiré par l’ampleur de sa communauté et de son réseau d’entreprises engagées.
Cette certification s’avère être un atout pour Grain Blanc à plusieurs niveaux. D’une part, elle renforce l’attractivité de l’agence, notamment auprès des talents. D’autre part, la certification offre une ligne directrice claire, ce qui facilite le pilotage de l’entreprise au quotidien mais surtout permet à l’agence de se différencier commercialement
Arnaud Domergue a également choisi d’adhérer au Pacte Mondial de l’ONU pour inscrire son entreprise dans une dynamique mondiale d’engagements sociétaux. Il est également membre du mouvement Impact France, qui milite pour une transition vers une économie plus responsable.
Son parcours démontre qu’en structurant son entreprise autour de ces principes dès le départ, il est possible de combiner performance économique et impact social et environnemental positif.

Ce que ces échanges nous apprennent
Ces échanges ont mis en lumière l’intérêt et les limites des certifications RSE, tout en explorant les motivations profondes guidant les entreprises vers une démarche de labellisation. En effet, si les raisons qui ont poussé ces chefs d’entreprises à adopter différents labels varient, un point essentiel est commun à tous : leurs valeurs et engagements personnels sont au cœur de leur démarche. Ainsi, bien que la certification ne soit pas une obligation en soi pour agir de manière éthique, elle se révèle être un outil précieux pour structurer et crédibiliser une démarche RSE.
Les labels offrent donc une reconnaissance officielle qui, loin de se limiter à un simple affichage, incite à une amélioration continue et renforce la transparence, de manière générale, elle sert d’élément clé pour toute entreprise souhaitant s’engager dans une véritable transition responsable.
Vous souhaitez en savoir plus sur les Labels RSE ou engager une démarche de transition ?